Abus, injustice et contradictions flagrantes

 

Le jugement rendu par le BCED demandant au CEP de rayer mon nom de la liste des candidats vient confirmer les doutes qui planaient sur l’impartialité et la crédibilité des institutions en charge des prochaines élections dans le pays. Le citoyen que je suis, se sent interpellé par l’absence de transparence qui, depuis un certain temps, caractérise le processus électoral et, en tant que candidat aussi, je me sens doublement préoccupé du fait que mes droits, garantis par la Constitution, viennent d’être lésés et bafoués.

La transparence et la crédibilité qui devraient caractériser le processus sont pour l’instant un leurre quand c’est la politique de deux poids, deux mesures, qui dicte les décisions qui sont en train d’être prises. Entre autres décisions, je me réfère au maintien dans la course électorale de plusieurs autres candidats ayant été l’objet des mêmes contestations émises à mon encontre alors que le BCED, dans son jugement prononcé le mardi 2 juin 2015, demande au CEP – je cite textuellement – : « d’accueillir favorablement les contestations produites contre le dépôt de candidature du Sieur Laurent Salvador Lamothe ; dit et déclare qu’elles sont fondées ; ordonne en conséquence au CEP de rayer le nom de Laurent Salvador Lamothe de la liste des dépôts de candidature à la présidence aux prochaines joutes électorales relativement à ces contestations ».

Ce BCED reconnait, pourtant, dans une ordonnance rendue en faveur du maintien de la candidature de Josefa Raymond Gauthier, que – je cite – : « le tribunal de Première Instance de Port-au-Prince, jugeant en ses attributions de référés, a effectivement rendu deux ordonnances, la première est l’œuvre du doyen d’alors, Me Raymond Jean Michel, et l’autre, celle du Magistrat Roosvelt Romulus, respectivement en faveur des citoyens candidats Thierry Mayard-Paul et LSL, confirmant la théorie des formalités impossibles ».

Point n’est besoin d’être un grand clerc en matière de justice pour déceler l’aberration évidente dans cette décision.

Pour que la théorie des formalités impossibles soit applicable, la loi stipule que le candidat doit être en mesure de démontrer qu’il avait raisonnablement tenté d’obtenir le certificat de décharge. En ce qui me concerne, je me suis conformé aux exigences légales en sollicitant Audit et Décharge à trois reprises par lettres adressées respectivement à la Cour Supérieure des Comptes et du Contentieux Administratif (CSC/CA), en date du 14 décembre 2014, et aux deux branches du Parlement en date du 30 décembre 2014, en qualité d’ancien Premier ministre, de ministre des Affaires étrangères et des Cultes, et de ministre de la Planification et de la Coopération externe.

Ces démarches effectuées n’ont pas suffi à convaincre le BCED. En fervent adepte de la démocratie et des principes républicains, je me résous à épuiser toutes les voies légales, prévues par la Constitution, d’une part, en vue de faire valoir mes droits et, d’autre part, pour déjouer tout complot visant à rejeter ma candidature qui cristallise l’espoir de tout un peuple et de toute une jeunesse en quête de renouveau.

J’appelle ainsi les forces vives de la nation et la communauté internationale, notamment les partenaires de la jeune expérience démocratique en Haïti, à rester vigilantes en vue de contrecarrer ce plan d’exclusion et de discrimination qui entoure le processus électoral. Je mise sur leur expérience et leur expertise dans la perspective d’organisation d’élections honnêtes, crédibles et démocratiques.

Tout en renouvelant ma foi inébranlable et ma confiance aux institutions républicaines du pays, je salue le courage et la détermination du peuple haïtien et je lui réitère mon engagement et ma ferme volonté de le servir convenablement.

Laurent Lamothe Ex-Premier ministre Candidat à la présidence

Argumentaire BCED – Vendredi 5 Juin 2015 from laurentlamothe