LAURENT LAMOTHE

Les villes intelligentes sont indispensables si l’Afrique veut lutter contre une explosion démographique imminente.

Les gouvernements devraient adopter et embrasser l’innovation et la technologie pour apporter des solutions de développement durables.

Laurent Lamothe

D’ici 2050 , on estime que 1,3 milliard de personnes s’ajouteront à la population africaine. À moins que le développement des infrastructures n’ait lieu à un rythme sans précédent, il y aura des pénuries extrêmes. Le développement des villes intelligentes, ainsi que la technologie et l’innovation qui accompagnent le concept de ville intelligente permettront aux gouvernements africains de mettre en œuvre de vraies solutions, capables de relever les défis associés à une croissance démographique rapide.

Il est vrai que les villes intelligentes en Afrique sont encore à leurs stades de balbutiements, mais le continent a un avantage : la capacité de construire de nouveaux services et installations à partir de zéro, dépassant essentiellement les infrastructures obsolètes et encombrantes auxquelles les pays plus développés doivent faire face.

En Afrique du Sud, la ville de Cape Town s’est associée à des fournisseurs de réseaux pour acquérir des données à partir de capteurs placés autour de la ville. Ces données aident la ville à fonctionner plus efficacement de plusieurs manières, allant de la surveillance du trafic à la gestion des déchets, à la détection des délits et à la lutte contre les incendies.

Certains pays ont emprunté une autre route vers les villes intelligentes en développant des villes satellites qui sont de nouvelles zones urbaines construites a proximité des villes préexistantes. En 2017, le gouvernement du Bénin a lancé le programme Sèmè-City, qui vise à créer une ville intelligente dédiée à l’innovation et au savoir, et qui devrait générer 190.000 emplois directs et indirects, dont un tiers de travailleurs indépendants.

Aussi, Konza Technology City (KTC) ou ‘Silicon Savannah’ est-il un projet phare du gouvernement kenyan. D’une superficie de 2.000 hectares, il vise à construire, pour un coût de 400 millions de dollars, une ville entièrement dédiée à la technologie. De même, la Cité de l’innovation de Kigali au Rwanda, financée par la Banque Africaine de Développement (BAD), est évaluée à plus de 2 milliards de dollars.

L’Egypte est aussi un autre exemple. Le développement d’une ville intelligente dans le désert devrait remplacer le Caire comme capitale du pays. Bien que le projet ait suscité des critiques, il faut tenir compte des défis auxquels le gouvernement égyptien est confronté. Le Caire est tout simplement plein à craquer. L’attrait des emplois a provoqué un afflux de personnes dans la capitale. Actuellement, le Caire a deux fois la taille de New York et abrite environ 1/5 des 97 millions d’Égyptiens. L’effet de cette expansion rapide a provoqué une congestion du trafic chronique, un surpeuplement et des infrastructures qui ne peuvent pas absorber davantage de personnes.

La ville encore sans nom est considérée comme le projet de ville intelligente le plus ambitieux sur le continent. Avec un coût global estimé à 45 milliards de dollars, conçu pour être le nouveau centre administratif du pays et abriter plus de 6,5 millions d’habitants. La nouvelle capitale couvrira 700 km2, ce qui correspond à la taille de Singapour.

Les solutions proposées par les villes intelligentes sont indéniables, mais, il y a aussi beaucoup d’obstacles à surmonter. L’une étant le financement, le développement des villes intelligentes n’est pas bon marché !

En Égypte, bien que le développement de la ville progresse, Reuters, a rapporté l’année dernière que le projet avait du mal à lever des fonds et devait surmonter d’autres défis après le retrait des investisseurs. “Nous avons besoin d’un financement très important”, a indiqué Ahmed Zaki Abdeen, un général à la retraite qui dirige l’entreprise qui construit la nouvelle ville. “Et l’État n’a pas d’argent à me donner”, poursuit Ahmed Zaki Abdeen. En conséquence, environ 20% des investissements à ce jour proviennent de l’étranger.

C’est là que le Financement innovant joue un rôle essentiel, car il procure aux gouvernements la liberté, la flexibilité et la souveraineté financière pour mettre en œuvre leurs priorités nationales. Des milliards de transactions numériques quotidiennes ont lieu dans un pays donné et l’application d’un micro-prélèvement indolore à ces transactions générera des milliards de nouvelles sources de revenus. Le Financement innovant est donc une solution qui fournit aux gouvernements un outil pour créer de nouvelles sources de revenus qui n’augmentent pas le niveau d’endettement du pays et qui n’exigent pas que les citoyens paient plus d’impôts.

En tant qu’ancien Premier Ministre, je pense qu’il est urgent que les pays adoptent et implémentent l’innovation et la technologie pour apporter des solutions de développement durables.